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Menaces collatérales

par Mahdi Boukhalfa

Les Etats-Unis version Donald Trump sont en train de crisper les relations internationales, de pousser au retour de l'isolationnisme entre l'Est et l'Ouest et de créer un climat de suspicion jamais enregistré depuis la fin de la guerre froide. La promulgation du ?'Countering America's Adversaries Through Sanctions Act'' ou la loi pour lutter contre les adversaires de l'Amérique à travers des sanctions (CAATSA), entrée en vigueur le 2 août 2017, est en train de provoquer de profonds bouleversements dans les relations commerciales, mais également politiques, entre les Etats-Unis et tous les pays qui ont à quelque niveau que ce soit des rapports commerciaux avec la Russie.

Donald Trump, accusé par les démocrates d'avoir réussi à battre Hilary Clinton grâce au coup de main cybernétique de Moscou, est actuellement en train de tout faire pour se laver d'une telle accusation. Jusqu'à menacer de sanctions économiques tout pays qui se risquerait d'acheter des armes à la Russie. La Chine a déjà fait les frais de cette politique extérieure autant insensée que belliqueuse. Tous les pays partenaires des Etats-Unis, y compris l'Union européenne, sont en train de créer des systèmes de contournement des sanctions américaines extrêmement complexes, allant jusqu'au retour au troc. Pour des pays comme l'Algérie, dont les équipements militaires sont achetés auprès de son fournisseur traditionnel russe, la question est d'actualité et complique encore plus ses relations, jusque-là maintenues à équidistance, avec ses deux grands partenaires, la Russie et les Etats-Unis.

Des discussions sont en cours, à en croire un haut responsable du département d'Etat, entre Alger et Washington sur ce dossier, sur en fait l'applicabilité ou non du CAATSA à l'Algérie. Des relations bridées avec les Etats-Unis ne sont pas une bonne chose, actuellement, pour Alger qui commence à souffler avec la hausse continue des cours de l'or noir, et donc de l'amélioration de son commerce extérieur, notamment avec les Etats-Unis. Le CAATSA est une menace directe contre les relations algéro-américaines, d'autant que les Etats-Unis restent pour le moment un partenaire privilégié d'Alger, en particulier dans le domaine de l'énergie. Les discussions en cours entre les deux pays devraient dissiper les malentendus et fermer la porte à d'éventuelles mauvaises interprétations. D'autant que si l'Algérie n'est pas un client traditionnel des Etats-Unis en matière d'armements et de systèmes de défense, cela n'a jamais altéré les bonnes relations entre les deux pays, en particulier dans le secteur de l'énergie et de la lutte contre le terrorisme.

Brian Neubert, porte-parole du département d'Etat, a expliqué jeudi lors d'une conférence de presse téléphonique avec des journalistes algériens que ?'nous respectons que des pays souverains choisissent comment gérer leurs affaires étrangères, comme nous savons que vous allez respecter comment nous gérons nos intérêts dans les affaires étrangères''. La messe est dite et il est très probable que le ciel des relations algéro-américaines ne soit pas voilé ni obscurci par ce nouveau coup de froid entre les deux grandes puissances militaires qui peuvent souffler le chaud et le froid dans les relations internationales, y compris créer et gérer des conflits armés au mieux de leurs intérêts pour rentabiliser leurs investissements dans la fabrication d'équipements militaires toujours plus sophistiqués, toujours plus chers, toujours plus meurtriers. A mi-mandat, Trump est devenu le dirigeant le plus impopulaire du monde.